La course contre la montre est
engagée et l’interrogation majeure reste : pourrons-nous tenir le record
inscrit à l’avance à notre chronomètre ? Le Président par intérim et le
Premier Ministre s’y sont engagés. Malgré le doute persistant qui est de plus
en plus partagé, ils s’interdisent de tenir un langage contraire. Refus d’une
réalité qui crève les yeux où optimisme sans borne qui leur empêche de croire
en ce que les autres acteurs voient ? Il clair aujourd’hui que même si le
Président par intérim ou le Premier Ministre croit en la même chose que les plus
septiques sur l’élection présidentielle de juillet prochain, politiquement, aucun
d’entre eux ne voudra porter le chapeau
de la mauvaise foi. Le propos du report de la part des autres peut être
acceptable, mais venant de l’un d’entre eux alors que l’on n’a pas épuisé
toutes nos dernières énergies pour être au rendez-vous du jour fixé, sera vite
interprété comme une tentative de s’éterniser au pouvoir et de rallonger une
transition qui devrait être le plus court possible. Pour éviter d’être mal jugé
sur la mise en œuvre d’une feuille de route qu’ils ont « librement »
élaborée et proposée à l’adoption de l’Assemblée, ils optent pour avancer
laissant le temps au temps.
Si toute cette course pour être à
l’heure et à temps vise à donner au pays un pouvoir légitime, je dirai que cela
n’est qu’un pan du dilemme malien. L’élection à temps est nécessaire et utile
au Mali pour être en phase avec la communauté et pour minimiser les risques
majeurs d’anarchie qui menacent le pays. Mais tout cela n’est que forme.
Le fond reste à voir et c’est là
l’autre pan du dilemme. Nous sommes tombés si bas que nous avons touché le fond
et tous les observateurs avertis conviennent qu’il faut repartir avec un
nouveau Mali, plus réaliste et plus concret avec son idéal républicain et
démocratique. Un Mali dont les acteurs ne jouent plus avec les concepts et ne trichent
plus avec les principes. Ce Mali ne pourra pas être mis sur les rails dans ce délai
de juillet 2013. Les candidats qui semblent être les plus prêts, sûrs de leur
machine de « guerre », disons électorale, ne sont pas à proprement
parler ceux qui pourront construire ce Mali dont nous rêvons après toutes ces
épreuves subies. Non pas que je veuille mettre en cause leur bonne intention ou
leur engagement pour le Mali. La force politique qui peut faire gagner un
candidat dans les délais si courts est largement handicapante pour le
redressement du pays. Or pressé d’arriver à l’objectif, le candidat coursier ne
regarde pas trop souvent les mains qui tiennent le témoin de sa course de relai.
Comme dirait quelqu’un : L’essentiel
c’est d’arriver ! Le reste, on verra. Ainsi l’on finit par se trouver
incapable de corriger quoi que ce soit.
Un plan de relance politique des
institutions comme l’avait été la Conférence Nationale de 1991 est aujourd’hui
nécessaire pour le pays. Il faut revoir notre copie mais quand ? Juste
après la présidentielle et avant les législatives ? Le risque de mettre
notre pays dans un schéma à la Guinéenne où après l’élection du Président les
calculs politiciens de gestion de la majorité parlementaire empêche l’organisation
des législatives plane sur cette option. Avant l’élection présidentielle, en
cas de report de la date initiale de juillet 2013 ? Cela ramène le
souvenir de l’exigence d’une partie des acteurs politiques au début de la deuxième
semaine de janvier 2013 pour la tenue des concertations nationales. Cette
revendication pressante a été faite à un temps si mal à propos que peu de personne
veulent en parler maintenant. Le faire après la présidentielle et les
législatives n’aura pas assez de sens. Les nouveaux tenants du pouvoir seront tous
connus et ils préféreront mettre aux calendes grecques toute initiative contraire
à leur intérêt. L’on est donc aussi bien servi qu’un héros de Pierre Corneille.