mardi 30 avril 2013

Billet N° 2 : LE DILEMME MALIEN


La course contre la montre est engagée et l’interrogation majeure reste : pourrons-nous tenir le record inscrit à l’avance à notre chronomètre ? Le Président par intérim et le Premier Ministre s’y sont engagés. Malgré le doute persistant qui est de plus en plus partagé, ils s’interdisent de tenir un langage contraire. Refus d’une réalité qui crève les yeux où optimisme sans borne qui leur empêche de croire en ce que les autres acteurs voient ? Il clair aujourd’hui que même si le Président par intérim ou le Premier Ministre croit en la même chose que les plus septiques sur l’élection présidentielle de juillet prochain, politiquement, aucun d’entre eux ne voudra porter le chapeau de la mauvaise foi. Le propos du report de la part des autres peut être acceptable, mais venant de l’un d’entre eux alors que l’on n’a pas épuisé toutes nos dernières énergies pour être au rendez-vous du jour fixé, sera vite interprété comme une tentative de s’éterniser au pouvoir et de rallonger une transition qui devrait être le plus court possible. Pour éviter d’être mal jugé sur la mise en œuvre d’une feuille de route qu’ils ont « librement » élaborée et proposée à l’adoption de l’Assemblée, ils optent pour avancer laissant le temps au temps.

Si toute cette course pour être à l’heure et à temps vise à donner au pays un pouvoir légitime, je dirai que cela n’est qu’un pan du dilemme malien. L’élection à temps est nécessaire et utile au Mali pour être en phase avec la communauté et pour minimiser les risques majeurs d’anarchie qui menacent le pays. Mais tout cela n’est que forme.

Le fond reste à voir et c’est là l’autre pan du dilemme. Nous sommes tombés si bas que nous avons touché le fond et tous les observateurs avertis conviennent qu’il faut repartir avec un nouveau Mali, plus réaliste et plus concret avec son idéal républicain et démocratique. Un Mali dont les acteurs ne jouent plus avec les concepts et ne trichent plus avec les principes. Ce Mali ne pourra pas être mis sur les rails dans ce délai de juillet 2013. Les candidats qui semblent être les plus prêts, sûrs de leur machine de « guerre », disons électorale, ne sont pas à proprement parler ceux qui pourront construire ce Mali dont nous rêvons après toutes ces épreuves subies. Non pas que je veuille mettre en cause leur bonne intention ou leur engagement pour le Mali. La force politique qui peut faire gagner un candidat dans les délais si courts est largement handicapante pour le redressement du pays. Or pressé d’arriver à l’objectif, le candidat coursier ne regarde pas trop souvent les mains qui tiennent le témoin de sa course de relai. Comme dirait quelqu’un : L’essentiel c’est d’arriver ! Le reste, on verra. Ainsi l’on finit par se trouver incapable de corriger quoi que ce soit.

Un plan de relance politique des institutions comme l’avait été la Conférence Nationale de 1991 est aujourd’hui nécessaire pour le pays. Il faut revoir notre copie mais quand ? Juste après la présidentielle et avant les législatives ? Le risque de mettre notre pays dans un schéma à la Guinéenne où après l’élection du Président les calculs politiciens de gestion de la majorité parlementaire empêche l’organisation des législatives plane sur cette option. Avant l’élection présidentielle, en cas de report de la date initiale de juillet 2013 ? Cela ramène le souvenir de l’exigence d’une partie des acteurs politiques au début de la deuxième semaine de janvier 2013 pour la tenue des concertations nationales. Cette revendication pressante a été faite à un temps si mal à propos que peu de personne veulent en parler maintenant. Le faire après la présidentielle et les législatives n’aura pas assez de sens. Les nouveaux tenants du pouvoir seront tous connus et ils préféreront mettre aux calendes grecques toute initiative contraire à leur intérêt. L’on est donc aussi bien servi qu’un héros de Pierre Corneille.

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