vendredi 18 novembre 2011

Projet 1: (en attente d'édition)
LE MONDE DANS UN OEUF (récit jeunesse)

Extrait (début de l'histoire)


A l’ombre de sa case en terre, Ba-Saran, une heureuse grand-mère, filait son coton. Dehors, le soleil gagnait du chemin vers les hauteurs du firmament. Le mouvement était imperceptible, mais son évolution se voyait ; car c’était une marche qui déterminait le temps et même les saisons. Aux côtés de la fileuse de coton, s’amusait sa petite fille, Maya.

Elle était autant occupée que sa grand-mère. Pourtant nul ne pouvait dire avec précision de quoi elle s’occupait. Ni à quoi elle s’affairait. Bien curieuse, elle était assez turbulente. Ce trait de caractère avait certainement un rapport avec son âge. Elle était moins qu’une adolescente.

Entre ses va-et-vient, bien que préoccupée, Maya remarqua un œuf dans le van qui contenait les affaires de sa grand-mère. L’œuf paraissait si insolite parmi les autres outils de filature. Il était l’intrus parfait qui réveilla un intérêt particulier chez la fillette.

Ce n’était point sa première fois de voir un œuf. Mais le van de Ba-Saran était loin d’être un nid de poule pondeuse. Et si sa grand-mère conservait cet œuf, c’est qu’il y avait bien une raison. Il ne s’agissait point d’un intérêt quelconque lié à un besoin comestible.

Ba-Saran vouait une sorte de culte à son équipement de production de fil de coton. Tous les instruments étaient traités comme des objets sacrés. Peut-être que cet œuf aussi était sacré et qu’il avait un rôle précis dans la préparation des fils de coton. La Maya voulait savoir à quoi servait l’œuf.

Elle ne pu s’empêcher d’interroger sa grand-mère quelle sorte d’œuf c’était. La réponse, la plus négligée, fut donnée à sa question. Ce qui tendait à banaliser l’œuf. Cette réponse trahissait une réalité aux yeux de Maya. Aucun des objets dans le van de Ba-Saran n’était banal ; tant elle-même les gardait avec soin. Elle lui cachait certainement quelque chose en répondant que ce n’était qu’un œuf comme tous les autres.

Les autres œufs sont dans les nids ou prêts à passer au poêle. Un oiseau aurait-il perdu sa tête au point de venir confier le sien à Ba-Saran ? Sûrement pas. Un œuf dans ce van, c’était pour autre chose ! Quoi donc, se demandait-elle ?

Maya insatisfaite, redemanda pourquoi avait-elle décidé de garder cet œuf dans son van. Sa place n’était pas habituelle parmi les objets de filature du coton. L’œuf était bien à sa place ; car il contenait bien de choses, fut la réponse de Ba-Saran. Cette explication provoqua encore plus de curiosité chez la fillette.

Un œuf qui contient bien de choses ! Donc un œuf pas comme les autres.

-         Dis-moi, au moins une des choses qu’il contient, insista la petite fille.
-         Il contient le monde, répondit Ba-Saran.

La fille approuva de la tête sans ajouter un mot. Le monde ! Dans un œuf, le monde ? Dans cet œuf, le monde… Elle fit semblant de s’occuper d’autre chose et feignit oublier l’objet de toutes ses interrogations. Mais elle attendait un moment, son temps choisi à la faveur de l’inattention de sa grand-mère. Celle-ci était absorbée par sa tâche.

Maya se saisit de l’œuf. Elle le manipula dans ses deux mains puis intelligemment le laissa glisser entre ses doigts. L’œuf s’écrasa au sol. La petite fille n’y vît que le liquide ordinaire contenu dans tous les œufs. Un liquide qui coula comme un espoir qui s’évapore. L’envie pressant de découvrir le monde dans l’œuf coulait sous ses yeux au sol. Sa déception était aussi grande que son souhait de découverte l’était. Elle s’exclama alors.
-         Oh, Ba-Saran, l’œuf m’a glissé dans les mains et s’est cassé.
-         Oui, et alors ? interrogea la grand-mère sans y accorder une attention.
-         Il est comme tous les œufs du monde,
-         Effectivement…
-         Il n’ya aucune trace du monde, comme tu le prétends.
-         Pourtant si, insista Ba-Saran.
-         Tu peux voir toi-même, protesta Maya.
-         Qu’il n’y ait rien d’autre que ce que tu vois maintenant, c’est de ta faute. Si tu avais envie de le casser et d’y voir le monde, tu n’avais qu’à m’aviser avant de le faire, répondit la vieille femme.
-         Il est déjà cassé ! Qu’est ce qu’on fait maintenant ? demanda Maya.
-         Il y n’a d’autre solution que trouver un autre œuf, dit Ba-Saran.
-         Où en trouver, je veux savoir ? interrogea la fillette.
-         Demande plutôt, comment en trouver, rectifia la grand-mère.
-         Dans ce cas, comment en trouver, comme tu le dis ? reprit Maya.
-         Si tu es disposée à aller en chercher, je te mets en situation d’en trouver ; ma petite chérie, conclut Ba-Saran.

Le rêve tantôt perdu redevenait du coup possible. Les yeux de Maya brillaient de joie et d’envie. Elle voulait retrouver un œuf. Ce genre d’œuf qui contenait le monde. Qu’est-ce qu’elle ne ferait pas pour découvrir le monde !

Elle voulait voir le monde, mais elle n’avait pas compris qu’il y avait des choses à faire avant de casser l’œuf. Cette coquille qui le fait ressembler à tout œuf, mais dont le contenu semble si différent de celui des œufs que les poules couvent pour donner des poussins. Différent aussi de celui des œufs qui servent de mets appétissants après un passage au poêle.

Et s’il s’agissait des mêmes œufs avec les mêmes contenus ? La magie des choses transformerait-il le contenu en poussin, en plat ou en monde ! Alors il fallait que Ba-Saran fît usage de sa magie pour que le prochain œuf contînt le monde qu’elle souhaitait voir.

Pour rien au monde Maya ne voulait rater cette chance. Elle avait une rage de voir le monde. Donc elle accepterait d’aller chercher partout un autre œuf. Quel qu’en fut le prix, la fillette était disposée à le supporter. Il fallait un œuf, duquel sa grand-mère lui ferait voir le monde. 

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