vendredi 18 novembre 2011

Projet 1: (en attente d'édition)
LE MONDE DANS UN OEUF (récit jeunesse)

Extrait (début de l'histoire)


A l’ombre de sa case en terre, Ba-Saran, une heureuse grand-mère, filait son coton. Dehors, le soleil gagnait du chemin vers les hauteurs du firmament. Le mouvement était imperceptible, mais son évolution se voyait ; car c’était une marche qui déterminait le temps et même les saisons. Aux côtés de la fileuse de coton, s’amusait sa petite fille, Maya.

Elle était autant occupée que sa grand-mère. Pourtant nul ne pouvait dire avec précision de quoi elle s’occupait. Ni à quoi elle s’affairait. Bien curieuse, elle était assez turbulente. Ce trait de caractère avait certainement un rapport avec son âge. Elle était moins qu’une adolescente.

Entre ses va-et-vient, bien que préoccupée, Maya remarqua un œuf dans le van qui contenait les affaires de sa grand-mère. L’œuf paraissait si insolite parmi les autres outils de filature. Il était l’intrus parfait qui réveilla un intérêt particulier chez la fillette.

Ce n’était point sa première fois de voir un œuf. Mais le van de Ba-Saran était loin d’être un nid de poule pondeuse. Et si sa grand-mère conservait cet œuf, c’est qu’il y avait bien une raison. Il ne s’agissait point d’un intérêt quelconque lié à un besoin comestible.

Ba-Saran vouait une sorte de culte à son équipement de production de fil de coton. Tous les instruments étaient traités comme des objets sacrés. Peut-être que cet œuf aussi était sacré et qu’il avait un rôle précis dans la préparation des fils de coton. La Maya voulait savoir à quoi servait l’œuf.

Elle ne pu s’empêcher d’interroger sa grand-mère quelle sorte d’œuf c’était. La réponse, la plus négligée, fut donnée à sa question. Ce qui tendait à banaliser l’œuf. Cette réponse trahissait une réalité aux yeux de Maya. Aucun des objets dans le van de Ba-Saran n’était banal ; tant elle-même les gardait avec soin. Elle lui cachait certainement quelque chose en répondant que ce n’était qu’un œuf comme tous les autres.

Les autres œufs sont dans les nids ou prêts à passer au poêle. Un oiseau aurait-il perdu sa tête au point de venir confier le sien à Ba-Saran ? Sûrement pas. Un œuf dans ce van, c’était pour autre chose ! Quoi donc, se demandait-elle ?

Maya insatisfaite, redemanda pourquoi avait-elle décidé de garder cet œuf dans son van. Sa place n’était pas habituelle parmi les objets de filature du coton. L’œuf était bien à sa place ; car il contenait bien de choses, fut la réponse de Ba-Saran. Cette explication provoqua encore plus de curiosité chez la fillette.

Un œuf qui contient bien de choses ! Donc un œuf pas comme les autres.

-         Dis-moi, au moins une des choses qu’il contient, insista la petite fille.
-         Il contient le monde, répondit Ba-Saran.

La fille approuva de la tête sans ajouter un mot. Le monde ! Dans un œuf, le monde ? Dans cet œuf, le monde… Elle fit semblant de s’occuper d’autre chose et feignit oublier l’objet de toutes ses interrogations. Mais elle attendait un moment, son temps choisi à la faveur de l’inattention de sa grand-mère. Celle-ci était absorbée par sa tâche.

Maya se saisit de l’œuf. Elle le manipula dans ses deux mains puis intelligemment le laissa glisser entre ses doigts. L’œuf s’écrasa au sol. La petite fille n’y vît que le liquide ordinaire contenu dans tous les œufs. Un liquide qui coula comme un espoir qui s’évapore. L’envie pressant de découvrir le monde dans l’œuf coulait sous ses yeux au sol. Sa déception était aussi grande que son souhait de découverte l’était. Elle s’exclama alors.
-         Oh, Ba-Saran, l’œuf m’a glissé dans les mains et s’est cassé.
-         Oui, et alors ? interrogea la grand-mère sans y accorder une attention.
-         Il est comme tous les œufs du monde,
-         Effectivement…
-         Il n’ya aucune trace du monde, comme tu le prétends.
-         Pourtant si, insista Ba-Saran.
-         Tu peux voir toi-même, protesta Maya.
-         Qu’il n’y ait rien d’autre que ce que tu vois maintenant, c’est de ta faute. Si tu avais envie de le casser et d’y voir le monde, tu n’avais qu’à m’aviser avant de le faire, répondit la vieille femme.
-         Il est déjà cassé ! Qu’est ce qu’on fait maintenant ? demanda Maya.
-         Il y n’a d’autre solution que trouver un autre œuf, dit Ba-Saran.
-         Où en trouver, je veux savoir ? interrogea la fillette.
-         Demande plutôt, comment en trouver, rectifia la grand-mère.
-         Dans ce cas, comment en trouver, comme tu le dis ? reprit Maya.
-         Si tu es disposée à aller en chercher, je te mets en situation d’en trouver ; ma petite chérie, conclut Ba-Saran.

Le rêve tantôt perdu redevenait du coup possible. Les yeux de Maya brillaient de joie et d’envie. Elle voulait retrouver un œuf. Ce genre d’œuf qui contenait le monde. Qu’est-ce qu’elle ne ferait pas pour découvrir le monde !

Elle voulait voir le monde, mais elle n’avait pas compris qu’il y avait des choses à faire avant de casser l’œuf. Cette coquille qui le fait ressembler à tout œuf, mais dont le contenu semble si différent de celui des œufs que les poules couvent pour donner des poussins. Différent aussi de celui des œufs qui servent de mets appétissants après un passage au poêle.

Et s’il s’agissait des mêmes œufs avec les mêmes contenus ? La magie des choses transformerait-il le contenu en poussin, en plat ou en monde ! Alors il fallait que Ba-Saran fît usage de sa magie pour que le prochain œuf contînt le monde qu’elle souhaitait voir.

Pour rien au monde Maya ne voulait rater cette chance. Elle avait une rage de voir le monde. Donc elle accepterait d’aller chercher partout un autre œuf. Quel qu’en fut le prix, la fillette était disposée à le supporter. Il fallait un œuf, duquel sa grand-mère lui ferait voir le monde. 

Bamako RÉVEIL




Par ce novembre de fraîche matinée
Bamako couve dans son nid de vallée
Les frondeurs de la nuit se sont à peine prélassés
Que le Djoliba reste étroitement enlacé
Dans des bras encore sommeilleux
Il coule à peine dans son lit tortueux
Ses draps de fumée de poussière si brumeux
Flottent comme un brouillard dans l’air
Du sommet des collines ce voile est à défaire
Ici le Savoir  là  le Pouvoir tous deux sont célèbres
Pour  nous faire vivre de nouveaux palabres.

jeudi 17 novembre 2011

MOMO



Momo, Momo-sinkelen
Momo Kénédougou maman
Pourtant à la bravoure tu sacrifias
De la paire de maternité
Une mamelle pour allaiter
L'autre pour défendre
Ils n'étaient point absents, rares bien sûr
Les téméraires de la savane verte
Donnant en prix leurs têtes
La défense de la patrie était à ce prix
Les trophées de guerre de même.
Tu restas femme parmi les autres
Et occupa ton rang parmi les hommes.

FILS DU SAHEL




J'ai porté
Emprunté à mon ancêtre son boubou de feu
La robe tropicale tissée de fibres solaires
Me vêtir de chaleur
Et braver dans l'espace
L'harmattan qui me fouette de ses lanières fines
Piquantes jusque dans mes narines
Jusque dans les profondeurs de mes pores
Ses tourbillons m'emballent
Dans un saupoudrage à l'odeur de terre
La soif me remonte la gorge
A la recherche des moindres traces d'eau
Mais le sol se matérialise en carapace de tortue
Et ses gerçures s'ouvrent béantes
A la réclame de ma transpiration
Qui s'égoutte.


TESTAMENT EN MER



Une bouchée oui,
C'est bien salé !
Deux, ça suffit !
Trois, c'en est fait de nous !
Alors au vent nos vœux,
A la houle nos amours,
La dérive emporte notre volonté
Et la lune caresse notre mort.
Nous accueille dans les profondeurs
L'esprit salé des négriers ;
La roue du temps a tourné
Avec nous, les nouveaux acteurs
L'histoire se perpétue en répétition.
A toi océan, nos âmes reviennent
Bien de siècles après.
Les monarques d'hier, comme les démocrates d'ici
Ne valorisent nos vies qu'au prix coûtant
De leur serment trahi et de la dignité en foire.
Hier comme aujourd'hui,
La faute silencieuse se partage entre nord et sud.
Dans les salons feutrés,
Sous apesanteur d'intérêts stratégiques égocentriques.
Les réponses nous arrivent toujours
Comme ces vagues renversantes
Guère adaptées à notre embarcation.
A l'eau, tout finit au cœur du silence.
En surface, voguent,
Nos baluchons vides et bien chargés d'espoir et de volonté,
Vers un rivage où la vie veut autre que ça..

CEUTA-MEL...




Cette mêlée,
C'était la mêlée mortuaire
D'octobre s'affichant fièrement au calendrier 2005.
Sirènes de la Méditerranée,
Ceuta et Melilla,
Aux portes de l'interdite Europe meurent
Ceux qui la courtisent.
Sans avenir,
Ils arrivent sans cesse
D'une mère Afrique assujettie au viol quotidien.
Enfants de ce traumatisme permanent,
Ils payent
Pour la faute qu'ils n'ont pas commise,
Ils payent
Pour venir vivre leur mort.
Ils ont bien jouée à la mêlée
Avec l'arbitraire ballet des balles
Le spectacle retint enfin l'attention des humains.
Ils n'ont guère fait choix de mourir dans une vie vaine
Celle d'une Afrique, cheval de cirque,
Domptée et dressée à jouer tous les numéros sans âme.
Ses fils ne vivront pourtant pas
Leurs vœux méconnus, méprisés, ignorés et insatisfaits
Les hantant à mort.
Obligation leur est faite de partir
Partir vers l'autel haut dressé pour le sacrifice
Humain et ultime qui fera d'eux des hommes.
Partir pour sauver le clan et la tribu
Toute une génération de misère à nourrir
Tout un cancer de société à guérir. /


CHEMINS SANS FIN




Autant en mourir de dépit
Dans une fuite sans répit
Que de s'en aller par envie pour la vie.
La mort cultivée au jardin du destin ravagé,
Ce sont tant de tanks
Parmi lesquels partout
Crépitement de kalachnikov
Et des grondements guère de tonnerre
Plutôt des mortiers ricanant aux éclats d'obus
Concerts de grenades avec sérénade d'abus,
Les charniers se décuplent
Et restent cupides ces mains mercenaires
Sujets des seigneurs de guerre
Valets des marchands d'armes,
Nos malheurs sont à leur honneur.
La valse de vaillance va
Elle laisse crever dans un chœur de cris
Ceux pourtant heureux d'un lot.
L'espace d'une signature de spectacle
Aussi volatile que l'odeur de souffre
Qui souffle dans leurs narines
Qui enflamme leurs poumons
Qui enfume leur regard
Ils sont les plus heureux ainsi
Qui voient leur souffrance couronnée du trépas
Mort libératrice dans une vie sur la galère géopolis
Car continue les autres
Déjà au loin avec point de pause
Sur un chemin sans fin
De crise identitaire rebellée et refoulée
Notre regard hagard vers un horizon fermé
Renvoie cette vision du spectacle d'accueil
Identique au carnaval du départ forcé.
Notre sort reste ce trajet,
Trajet du don de volonté et de l'abandon de soi
Trajet où le trésor est fait de jet et de rejet
Jet de provisions
Jet de baluchons
Jet d'espoir
Jet de soupirs enfin
Dans chaque clairière de brousse
En quête de notre salut incertain
Guette le regard glacé de caméras du live cinéma
Notre malheur, quelque part bonheur.
Tout est ainsi organisé
A chaque siècle ses barbares

NATURE




J'ai dit Nature
Nature
Il y a comme les Ecritures
Pour faire aux humains
Une vie mature
Nature je dis
L'ordre des choses
N'est guère juste
Encore moins tort elle fait
Aux faibles toujours
Tout comme raison
Elle ne donne à tout instant
Aux forts du jour.
Nature j'y ai trouvé
Dans l'entrevue d'une pensée
Des lois de compensation
Et d'équilibre précaire
Nature, j'ai compris
Que la justice est Divine
Avant d'être humains
Mais jamais naturelle
Nature, je crois à la logique des faits
Nature, je crois à la justice de Dieu
Nature, l'homme croit peu à sa justice.

ÉCHELLE



Comme une fuite en avant
Comme une vue sans fin
Ma vie s'avère
Une marche sans arrêt
Une marche à plusieurs marches
Une échelle à niveaux variables
Où la valeur se réfère
Au palier supérieur comme repère
Et comme toujours
Mon regard vers le haut tourné
M'attriste de ma place
Sur cette échelle de valeurs
Aux deux bouts infinis
Mal de grandeur, complexe d'ambition
Ce n'est peut-être guère
Trop mal
De vivre insatisfait
Car au lieu du regard contempteur
Tourné sur le chemin accompli
Où je verrai sûrement
Moins que moi avancés
D'autres au pas
Des bas échelons
Je préfère l'avoir,
Mon œil voltigeur vers
Les hauts sommets
Même si je ne suis pas sûr
De les atteindre que dans
Mon sommeil.

BUT TERMINAL



Mariage, une tête à couronner
D'épithètes positives
Et mon acte sera amour
Une quête d'éternité
Une raison de l'être.
Des jours passant
J'emprunterai au creux des tourbillons
Cette vision à débrouiller.
Dans l'audition d'un quotidien
Bien lassant ;
Dans les jours naissant
Je chercherai femme,
Une façon d'épouser mes fortunes
Sans divorcer mes infortunes.
Au croissant de lune,
Je prêterai mon regard
Pour une rencontre d'éclipse
Quand sera fait le carrefour
De faisceaux à l'aube des vues ;
L'horizon unifié
Et sacré l'union,
Je me féliciterai d'être parvenu
Au but terminal du Mariage.


GOREE



J'ai vu Gorée,
J'ai coulé la larme du couchant
La tête baissée.
Levant mon regard, j'ai vu le levant.
J'ai souris en écrasant ma larme.
Le soleil qui pointe,
Le jour qui naît, ne vivront pas de tristesse,
Ne grandiront pas de la mort d'hier,
Mais plutôt verront le jour de demain.
Mon œil fixe l'avenir,
La bise souffle, et le regard n'est point embué.


PRÉSENCE DE L'ABSENT




A toi, DT
Seule, en proie à mille pensées,
Comme cent mille pas nous séparent ;
Esseulée et éprise d'amour.
Je suis aussi prince sans empire
Loin de ton cœur chéri,
Loin de toute emprise voulue.
Et je n'arrête de penser...
De penser que tu es seule
Car les mots que je sais
Que tu n'entends pas
Sont pourtant mille fois murmurer
En maints lieux pour toi seule
Et le regard que tu scrutes dans le brouillard
Est pourtant là, voilé, qui t'admire
Car les caresses que tu sens de la brise vespérale
Flottent partout jusque dans des draps froissés
Cherchant ta douceur.
Je sais qu'à boire seule
Le lait de l'amour
Est sans goût, sinon amer
Et que partagée, la coupe est bien succulente
Un vrai bol de miel
Mais en fait, comprends par ces mots
Que tout vide n'est que pressentiment,
La solitude une impression
Seul l'oubli isole
Or tu es présente
Là où tu te crois absente
Là où tu te crois ignorée
Là où tu te crois oubliée
Donc ne me sens pas absent.


EFFORTS VAINS




Savoir, pour ne pas avoir connu
Connaître, pour n'être pas connu,
Je suis condamné à l'effort
Dans l'aventure de la redécouverte.
Et c'est comme passion ; car
Le goût de l'inconnu
Me semble si succulent
Que les épices de ma sauce connue
Me remonte à la gorge.
Quand même l'ignorance est insipide
Et nul ne verra sueur de moi
Par un temps d'averse ;
Moi qui veux connaître ;
Moi qui prétends être connu.
Pourtant, le méconnu voire
L'inconnu a l'avantage de l'excuse
Et ceux qui me mettront à la poubelle
Auront cette excuse :
« Ne pas savoir »

RITUEL



Me sacrifier à ce rituel,
Ce sont quelques minutes de mon repos
Se faisant sans relâche
Je dis bien que c'est sans répit
Et point de toute aise
Si ce n'est que passion du verbe froid
Sur page glacée
Je n'aurais cédé au chantage de la muse
Quelle qu'elle fut.
Au fait, tout compte fait,
Où en suis-je ?
Sous le charme de celle qui m'amuse.
C'est bien celle qu'est ma muse !
Les désirs sont plus forts
Que la raison.
Que me vaut-il à le redire
Si la vie de cela est faite.


ÉCOLIERS DE BROUSSE



Pieds nus de poussière chaussés,
Petits écoliers de brousse,
J'ai fait comme vous,
Depuis des années déjà,
Ces sentiers sinueux,
Voies de feu à midi,
Où l'on perd sa voix,
Je n'ai jamais arrêté la marche ;
Jamais abandonné le chantier.
Meilleurs chemins de ma vie
J'ai gardé mon regard fixe
Sur l'avenir pour un devenir.


Cercle fermé




Les années coulent dans le lit du temps
Quand les hommes jouent leur pièce
En cercle fermé au rythme des règles immuables
Comme l’ont constaté des sages érudits
« L'on n'est fort qu'en face d'un faible »
« on n'est maître que pour être servi »
« serviteur-né, l'on n’existe qu’à travers son maître »

Les années coulent dans le lit du temps
Pendant longtemps ceci est triste refrain
Chant d'un fatalisme qui se vit africain
Pourquoi le dédain ne nous prend pas
Pour cette attitude qui ne sert guère

Les années coulent dans le lit du temps 
Quand nous cherchons remède à nos maux
Nous crions occident!
Quand nous diagnostiquons notre malheur
Nous identifions occident!
Fatalité o mentalité frelatée   

Les années coulent dans le lit du temps
Quand les hommes jouent leur pièce
Puisque des années durant nous servons en bêtes de somme
Il ne nous reste qu’à quitter la scène
Et le jeu s’arrête
A moins d’être refait dans un autre cercle fermé
On l’a déjà vu, vécu
Faute d’avoir écrit notre rôle dans la pièce

vendredi 28 octobre 2011

Ma prose poétique octobre 2011

REFRAIN
Servir et se dessaisir ou saisir et se desservir. Devrai-je chanter un hymne à la démocratie et à l’alternance, et j’en ferrai le refrain. Homme, le pouvoir tu saisiras et ton peuple tu serviras. Quand le pouvoir t’aura rendu service comprends bien que c’est au peuple de s’en saisir. La tentation est grande, je dis bien forte ; quand on saisit pour soi et sert pour soi. A soi tout se résume et l’oubli de l’autre soi-même fait foi, avec force de loi. L’espace conquis, le temps ne compte plus ; tout comme les autres d’ailleurs.

POUVOIR A – VIE – DE …
Mon cœur a tant mal à voir les choses aller si mal. Ceux commis à l’édification des nations manquent à leur vocation dès lors que les acclamations fusent et ils refusent leur sort et leur mort pourtant un jour certaine. Notre tort en tresseurs de lauriers est de faire la place au Panthéon pour des vivants mortels, alors que le devoir nous commande d’immortaliser en ces lieux des morts hors du commun.

Pour ceux qui savent
Pour ceux qui savent qu’ils n’ont ni de Zeus ou Jupiter une ascendance, qui comprennent que promis par la vox populi, le destin est bien lourd tout comme l’honneur est si grand de porter vers des hauteurs une nation qui rampe avec ses enfants débout, ils savent qu’ils n’ont de descendance avérée que ce peuple.

MES LARMES

Oh peuple mien d’Afrique
Comment faut-il que ta marche
Soit au rythme d’une démarche de caméléon
Non pas que lenteur et hésitation te suffisent
Mais s’y ajoutent casse et reconstruction
Sorti à peine d’une misère matérielle
La fin de la misère morale vaut-elle
Cette césarienne qui remet tant en cause
Le sang d’un accouchement non désiré
Le bébé sans langes fait peur
Même aux anges gredins
Qui bénira donc
La construction du présent vers l’avenir
Oui je m’interroge
Hier en Côte d’Ivoire le sang des martyrs
A défiguré les héros
Aujourd’hui la Libye se brûle
Pour renaître de ses cendres et demain …
Dites-moi quand mon cauchemar s’arrête
Je ne savais pas les mânes de la démocratie
Si avides de sang sur leurs autels de surpuissance
Dites-moi quand mon cauchemar s’arrête
Africains
Habitant d’une terre qui ne nous a jamais appartenus
Nous sommes étrangers de nos destins
D’Africains
Et nos âmes habitent plus nos ombres que nos corps
Oui Afrique tu es plus une ombre
Qu’une réalité faite de ton âme et de ton être
Une ombre qui peut être colorée et jouée
En cinéma macabre ou en théâtre pusillanime
Tout dépendant de la mise en scène
Des auteurs prescripteurs de nos destinées. 
Dites-moi quand mon cauchemar s’arrête
Avec mes larmes.

vendredi 11 février 2011

Etre écrivain ?

Paul.

« Ah ! il me manque Virginie ! Sans elle je n'ai rien ; avec elle j'aurais tout. Elle seule est ma naissance, ma gloire, et ma fortune. Mais puisque enfin sa parente veut lui donner pour mari un homme d'un grand nom, avec l'étude et des livres on devient savant et célèbre : je m'en vais étudier. J'acquerrai de la science ; je servirai utilement ma patrie par mes lumières, sans nuire à personne, et sans en dépendre ; je deviendrai fameux, et ma gloire n'appartiendra qu'à moi.

Le vieillard.

« Mon fils, les talents sont encore plus rares que la naissance et que les richesses ; et sans doute ils sont de plus grands biens, puisque rien ne peut les ôter, et que partout ils nous concilient l'estime publique : mais ils coûtent cher. On ne les acquiert que par des privations en tout genre, par une sensibilité exquise qui nous rend malheureux au-dedans, et au-dehors par les persécutions de nos contemporains. L'homme de robe n'envie point en France la gloire du militaire, ni le militaire celle de l'homme de mer ; mais tout le monde y traversera votre chemin, parce que tout le monde s'y pique d'avoir de l'esprit. Vous servirez les hommes, dites-vous ? Mais celui qui fait produire à un terrain une gerbe de blé de plus leur rend un plus grand service que celui qui leur donne un livre.

Paul.

« Oh ! celle qui a planté ce papayer a fait aux habitants de ces forêts un présent plus utile et plus doux que si elle leur avait donné une bibliothèque. » Et en même temps il saisit cet arbre dans ses bras, et le baisa avec transport.

Le vieillard.

« Le meilleur des livres, qui ne prêche que l'égalité, l'amitié, l'humanité, et la concorde, l'Évangile, a servi pendant des siècles de prétexte aux fureurs des Européens. Combien de tyrannies publiques et particulières s'exercent encore en son nom sur la terre ! Après cela, qui se flattera d'être utile aux hommes par un livre ? Rappelez-vous quel a été le sort de la plupart des philosophes qui leur ont prêché la sagesse. Homère, qui l'a revêtue de vers si beaux, demandait l'aumône pendant sa vie. Socrate, qui en donna aux Athéniens de si aimables leçons par ses discours et par ses mœurs, fut empoisonné juridiquement par eux. Son sublime disciple Platon fut livré à l'esclavage par l'ordre du prince même qui le protégeait : et avant eux, Pythagore, qui étendait l'humanité jusqu'aux animaux, fut brûlé vif par les Crotoniates. Que dis-je ? la plupart même de ces noms illustres sont venus à nous défigurés par quelques traits de satire qui les caractérisent, l'ingratitude humaine se plaisant à les reconnaître là ; et si dans la foule la gloire de quelques-uns est venue nette et pure jusqu'à nous, c'est que ceux qui les ont portés ont vécu loin de la société de leurs contemporains : semblables à ces statues qu'on tire entières des champs de la Grèce et de l'Italie, et qui, pour avoir été ensevelies dans le sein de la terre, ont échappé à la fureur des barbares.

« Vous voyez donc que, pour acquérir la gloire orageuse des lettres, il faut bien de la vertu, et être prêt à sacrifier sa propre vie. D'ailleurs, croyez-vous que cette gloire intéresse en France les gens riches ? Ils se soucient bien des gens de lettres, auxquels la science ne rapporte ni dignité dans la patrie, ni gouvernement, ni entrée à la cour. On persécute peu dans ce siècle indifférent à tout, hors à la fortune et aux voluptés ; mais les lumières et la vertu n'y mènent à rien de distingué, parce que tout est dans État le prix de l'argent. Autrefois elles trouvaient des récompenses assurées dans les différentes places de l'église, de la magistrature et de l'administration ; aujourd'hui elles ne servent qu'à faire des livres. Mais ce fruit, peu prisé des gens du monde, est toujours digne de son origine céleste. C'est à ces mêmes livres qu'il est réservé particulièrement de donner de l'éclat à la vertu obscure, de consoler les malheureux, d'éclairer les nations, et de dire la vérité même aux rois. C'est, sans contredit, la fonction la plus auguste dont le ciel puisse honorer un mortel sur la terre. Quel est l'homme qui ne se console de l'injustice ou du mépris de ceux qui disposent de la fortune, lorsqu'il pense que son ouvrage ira, de siècle en siècle et de nations en nations, servir de barrière à l'erreur et aux tyrans ; et que, du sein de l'obscurité où il a vécu, il jaillira une gloire qui effacera celle de la plupart des rois, dont les monuments périssent dans l'oubli, malgré les flatteurs qui les élèvent et qui les vantent ?
Bernardin de Saint Pierre, Paul et Virginie

Morceau choisi 1

 LA POLITIQUE ....
La politique est un sport de combat dont la pratique ne change pas fondamentalement d'un pays à l'autre. C'est un sport dans lequel aucun coup n'est vraiment régulier, ni absolument décisif. Un sport dont les règles peuvent se trouver bouleversées en cours de partie, obligeant le meneur de jeu à se muer en porteur d'eau (ou vice -versa). Un sport qui peut causer à ses adeptes d'irréparables meurtrissures à l'âme. ©KÀLIFA in L'ESSOR quotidien N° 16321 du 12 Novembre 2008

Petite Prose Poétitique

Vie vécue
Je ne suis guère le cœur, le pouls qui bout de chaleur. J'ai cessé d'être le pas qui bat la mesure. Mon désir ne fait plus la césure, celui qui rompt de frénésie et d'envie les veines d'une vie vivante de mort et moribonde de vie.


Com... Communication« La ville corrompt », avait prévenu le vieil homme, paysan villageois. « Garde sur toi une prévention au soleil détenue et tu ne seras point ce malfrat maintenu à l'ombre des jours. »
Le villégiateur écouta, « la campagne est bien paisible car semée de naïveté par des têtes pas mieux pensantes que les bêtes aux araires à la traîne ».
Et il murmura : « Vieille ville, l'envie de violence veille en toi. Vois cette vieille fille vrillée d'émoi. Epouse ses rapports de civilité et avorte sa peur de solitude. »


Au bon vieux temps !
Rhétorique ou réminiscence, la nostalgie de notre passé ne peut être que de générosité. Trop souvent embellis par atavisme, ce passé, nous l'avons perdu quand même ; sans même prendre en compte que son trépas fut le fruit de notre refus voulu de dompter la réalité des faits.


Sans identité
Je suis sûrement l'âme moulue l'âme fondu par les jours maudits d'un soleil de misère.
Comme d'un sorcier pubère surpris par une aube précoce dans son taudis, j'apprends à connaître les couleurs à l'effet du jour et des douleurs.
A l'horizon s'écume l'égocentrisme humanum, bien oui errare humanum, et brille sur mon corps le malheur, celui d'être gardien des trésors des dieux, ressources du monde de développement.
Mon âme en peine a ses qualificatifs mutants car les slogans sont partisans et temporellement militants : « tiers monde, sous développés, en développement, moins avancés. »
Assez de ce choléra, théories du développement. Je veux être citoyen du monde, sur la terre ; même si je demeure l'amant castré fidèle aux amies perverses.
Bien châtré je féconde des rêves fous de procréation, le développement-monde. Géniteur de succès bâtard, je file la laine de mon infertilisation et ma virilité violée me rend bavard. Par la hantise des lendemains meilleurs, je suis sauce de tous plats.

Ma poésie 1

MES MOTS, MON ENCRE
C'est vrai,
J'ai perdu ma plume
Dans le courant fuyant de l'harmattan.
Eh oui,
J'ai perdu ma voix
Quand s'est asséchée ma gorge
Brûlée par le souffle chaud et sec
Du vent tropical continental.
J'eus l'envie de partir
Sans vie,
Me laisser emporter au vent
Et voler léger
Comme morte feuille,
Au cœur d'un tourbillon de vie.
Et est arrivée la mousson
Avec sa moisson de vapeur
Au dessus des eaux saillant
Leur glace à la face du soleil.
S'installe l'humidité
Qui mouille mon encre
Et revient mon verbe.
Pour l'accoucher vert avec verve
J'humecte mes lèvres de rosée
Fleurie sur les feuillages naguère
Flétries au chaud.
Comme les poètes, en coupes fleuries,
Je voudrais servir mes mets
En bijoutier des mots,
En artisan du langage.



Biographie


 Né à Koutjenebougou, Cercle de Sikasso dans le sud du Mali,  Hamidou est co-promoteur d'une PME travaillant dans le domaine de la propreté urbaine et s'est beaucoup investi dans le milieu associatif jeune dans le domaine de la promotion des GIE d'assainissement à Bamako au début des années 1990. Il est président de l'Association de Solidarité Numérique au Mali (ASSONUM). En dehors de son activité professionnelle, il reste un passionné de littérature

Il a déjà publié :

En Littérature
-Fèn Bèè Fan, 1996, Editions Jamana (livre pour enfants en Bambara)
-Nouvelles d'ici, 1995, Editions Jamana (ouvrage collectif en français)
-Poèmes d'ici, 1995, Editions Jamana (ouvrage collectif en français)
-Maana nciinin nyògòndan sèbènni bamanankan na (1993 san nyògòndan), 1994, Editions Jamana (ouvrage collectif du concours de la meilleur nouvelle 1993 en Bambara)
-Nsirin Nin Kèra Kungosogow ye, 1994, Sahelienne (ouvrage collectif de quelques contes du pays en Bambara)
-Veillées en larmes, 2007, Le Manuscrit (recueil de nouvelles édité en ligne)

En Travaux de recherche :
-Kaaba, 1994, Sahelienne (ouvrage sur la monographie de Kangaba en Bambara)
-Umwelt und Urbanität in Westafrika : Beiträge zur Müllverwertung und Abfallproblematik, 2002, Brandes & Apsel /Südwind, (ouvrage collectif en allemand)